Vous retrouverez dans ce numéro le second volet du Dossier sur la conscience que nous n’avons pas fini d’explorer. Dans cette seconde partie vous lirez comment notre état de conscience se retrouve fortement modifié dans les situations de mort imminente et les expériences de sortie de corps. Vous lirez également, que d’autres modifications de la conscience, telles que l’hypnose ou la méditation ont des applications cliniques, par exemple dans le traitement du ressenti de la douleur ou certaines psychoses. Vous apprendrez enfin, avec les tous récents résultats de l’équipe de B. Jarraya, que la stimulation du thalamus permet de restaurer la conscience chez des primates profondément anesthésiés, une observation qui permet d’envisager de futurs essais cliniques chez les patients souffrant de troubles chroniques de la conscience.
Ce second volet aborde aussi la conscience chez les animaux des plus simples tels que les insectes aux plus complexes comme les primates. Les résultats des recherches menées dans ces domaines ont des conséquences importantes sur la manière dont nous considérons les animaux et dont nous les utilisons dans les élevages, que ce soit pour notre alimentation, pour la recherche et l’industrie dans les laboratoires, ou pour nos loisirs. Les connaissances acquises dans ce domaine ont permis de mettre en place une réglementation et une législation adaptée à la protection animale dans ces différents secteurs. Malgré cela, l’utilisation des animaux dans le cadre de la recherche scientifique reste un sujet sensible. Vous découvrirez également que de nombreuses espèces ont conscience d’elles-mêmes, qu’elles ont la capacité de faire des voyages mentaux dans le temps, une capacité que l’on a longtemps crue réservée aux humains. Après lecture de ce Dossier qui contient bien d’autres choses encore, peut-être aurez-vous un autre regard sur vos animaux favoris, au laboratoire ou à la maison !

Dans cette Lettre, l’Histoire des Neurosciences nous transporte dans l’antiquité et au Moyen Age sous la plume de Laetitia Loviconi qui nous invite à découvrir les théories d’alors sur l’explication des mouvements volontaires. Elle présente l’évolution des théories depuis Aristote qui considère que c’est le cœur qui est à l’origine de nos mouvements et qui reçoit les informations de notre environnement jusqu’à celle de Galien qui replace le cerveau au centre de ces régulations en s’appuyant notamment sur les travaux d’anatomie entrepris à l’École d’Alexandrie au IIIe siècle avant J. C. Je vous invite à découvrir cette histoire passionnante sans attendre.
Dans les Nouveautés en Neurosciences, nous revenons sur l'importance du codage neuronal du toucher qui a valu le prix Nobel de physiologie ou médecine 2021 aux chercheurs Ardem Patapoutian et David Julius. Dans leur article Rochelle Ackerley, Roger Watkins et Mariama Dione nous font partager leurs dernières découvertes sur la transmission du signal qui chemine de ces récepteurs vers le système nerveux central et comment ces résultats peuvent contribuer à l’innovation prothétique, à la mise au point de nouvelle prothèse de bras ou de jambes pour remplacer les membres chez les personnes ayant subi une amputation. Ces prothèses de nouvelle génération redonne une sensibilité extraordinaire et « deviennent des robots intelligents connectés à la musculature restante voire aux nerfs par chirurgie ». Un bel exemple de recherche translationnelle en plein développement.

Dans la Tribune Libre, Erwan Bézard nous rappelle l’importance de l’édition scientifique dans la recherche et la place que nous devons y tenir. Il se fait le porte-parole de douze d’éditeurs en chefs français de revue internationale de neurosciences pour attirer notre attention sur la baisse de notre implication dans les comités éditoriaux. Cette activité, la diffusion de nos résultats, fait pourtant partie intégrante de notre mission de chercheur et ne doit pas être négligée. Erwan Bézard nous livre une analyse tout à fait percutante de l’impact de cette situation notamment sur la qualité rédactionnelle et la visibilité de nos travaux ainsi que sur les taux de succès aux appels d’offres
internationaux. Autant de bonnes raisons pour s’impliquer dans ces comités, et au-delà, pour s’enrichir de nouvelles découvertes.
Isabelle Dusart et Laurence Lanfumey font un rapide bilan de l’édition 2022 de la Semaine du Cerveau qui est repartie timidement après la pandémie. C’est l’occasion de vous rappeler que c’est maintenant le bon moment pour vous investir dans l’édition 2023 et porter auprès du public vos derniers résultats et votre enthousiasme pour les neurosciences. Comme pour l’édition scientifique, cette forme de diffusion du savoir fait partie de nos missions, c’est aussi une expérience enrichissante et gratifiante qui montre combien le public est intéressé par nos travaux.

N’oubliez pas que 2023 sera l’année du colloque biennal où les neurosciences se donnent rendez-vous à Lyon, j’espère vous y retrouver nombreux.

J’espère que vous aurez plaisir à lire cette Lettre sous sa nouvelle forme. Nous restons à l’écoute de vos commentaires en vous rappelant aussi que cette Lettre est aussi la vôtre, n’hésitez pas à nous soumettre des articles. Je terminerai en vous souhaitant de belles fêtes de fin d’années et une très bonne année 2023, en neurosciences bien sûr mais aussi pour tous vos projets.