Le 11 mars 2020, l’OMS déclare que l’épidémie due à la Covid-19 est désormais considérée comme une pandémie, la première causée par un coronavirus. Depuis, près d’un demi-milliard de cas de Covid-19 ont été recensés, provoquant 7 millions de morts. Chaque mois, 32 000 personnes meurent encore du Covid-19 dans le monde (source OMS).
Trois ans après le premier confinement et avec le nombre impressionnant d’articles publiés sur ce sujet, nous avons souhaités partager avec nos lecteurs les dernières avancées de l’impact de la Covid -19 sur le cerveau, à la lumière des nombreuses données maintenant disponibles sur ce sujet.
Ce dossier débute par un article présentant les modèles animaux qui sont de véritables outils indispensables à l’étude de l’infection par le SARS-CoV2. En effet, la recherche fondamentale est primordiale à la fois pour mieux comprendre la pathologie mais également pour trouver une manière efficace de combattre l’infection virale. Ainsi, Florence Cayetanot et ses collègues nous présentent les différents modèles précliniques développés chez la souris, le rat, le hamster, le furet, ou le primate non humain, chacun permettant d’étudier plusieurs facettes de la maladie.
Ce dossier se poursuit sur les atteintes neurologiques associées à l’infection de la Covid 19. Lydia Chougar nous présente les complications neurologiques associées à la Covid-19, détectée en neuroimagerie. L’auteure explique que le spectre des anomalies neuroradiologiques décrites chez des patients atteints de Covid-19 est hétérogène, incluant notamment des complications cérébrovasculaires à type d’accident vasculaire cérébral ischémique, de thromboses veineuses et d’hémorragies, des complications inflammatoires et des atteintes des ganglions de la base. En complément de ces données, Jacques Hugon fait ensuite l’état de l’art sur le Covid long et les atteintes neurologiques incluant des anomalies cognitives Il nous et explique que ces troubles neurologiques ont des causes lésionnelles mal connues actuellement et une évolution clinique difficile à prévoir.
Dans l’article suivant, Olivier Godefroy, aborde les différentes plaintes du syndrome post-Covid19. Un certain nombre de patients ont signalé une constellation de symptômes inhabituels et persistants, dominés par une asthénie et de manifestations multiples notamment respiratoires et cognitives. Ces symptômes ont été intégrés dans le syndrome post-Covid19, défini par un large spectre de symptômes physiques et mentaux (notamment cognitifs) se développant dès la phase aiguë ou dans les suites de la phase aiguë d’une infection à Covid19 et persistant pendant au moins deux mois.
La crise sanitaire liée à la Covid-19 a mis en lumière la santé mentale en tant qu'enjeu majeur de santé publique. C’est dans ce contexte qu’Amine Chakli et Francis Eustache relatent l’effet de la pandémie de COVID-19, du confinement et du déconfinement sur la santé mentale de personnes préalablement exposées à un évènement traumatique. Les auteurs nous présentent les mécanismes de « coping » et les facteurs psychosociaux susceptibles d’exacerber ou d’atténuer les effets sur la santé mentale.
L’impact de la pandémie de COVID-19 sur la santé mentale et les enjeux de la mesure sont ensuite abordés par Camille Davisse-Paturet et ses collègues. Cet article donne quelques exemples d’études épidémiologiques spécifiques qui ont été mises en place en un temps record au cours de cette période. Les auteurs soulignent l’importance du choix, la validation, voire le développement des instruments de mesure à utiliser pour évaluer l’impact de la pandémie sur la santé mentale. Perrine Ruby rapporte et nous explique le fort impact du premier confinement de 2020 sur les modes de vie (consommation d’écran, d’alcool, de tabac, sport, activité sexuelle..), le sommeil (durée et qualité de sommeil) et les rêves (fréquence et contenu des rêves et des cauchemars) en France (Enquête "Confinement, sommeil et rêve").
Dès le début de la pandémie de nombreux patients atteints de la Covid-19 ont présenté une anosmie soudaine, plus ou moins profonde. Dans leur article Pierre-Marie Lledo et Françoise Lazarini nous expliquent l’origine de cette anosmie qui implique les cellules de soutiens au sein de l’épithélium olfactif, dont l’infection par le virus va entrainer une inflammation locale persistante, mais qui peut provenir également d’une invasion du virus dans le cerveau, perturbant ainsi les capacités olfactives des patients. Enfin, l’article de Vincent Prevot et Caio Coelho fait le lien entre les altérations de la barrière hématoencéphalique et les symptômes neurologiques observés lors du Covid long. En effet, les auteurs expliquent que le virus SARS-CoV-2 peut infecter l’unité neurovasculaire et engendrer une cascade d’évènements de neuroinflammation provoquant des dommages neuronaux et les symptômes neurologiques sévères observés pour le Neuro-Covid et le Covid long.
En espérant que vous lirez ce dossier avec autant d’intérêt que nous avons eu à le préparer. Bonne lecture.