Tau et déficits cognitifs : les lymphocytes T en action ! par Clémence Fouquet 14.11.2016 à 01h30
La maladie d’Alzheimer (MA) est la plus fréquente des démences. Elle touche environ 900.000 personnes en France et plus de 25 millions dans le monde. La maladie d’Alzheimer est caractérisée par deux types de lésions : les dépôts amyloïdes formés de peptides Aβ et les dégénérescences neurofibrillaires dues à l’accumulation, dans les neurones, de protéines Tau hyperphosphorylées et agrégées. Cette pathologie Tau est intimement liée au développement des troubles cognitifs dans la MA mais les mécanismes sous-jacents demeurent encore assez peu connus. La pathologie Tau est également retrouvée dans d’autres maladies neurodégénératives familiales et sporadiques appelées Tauopathies.
Un projet coordonné par David Blum et Luc Buée du Centre de Recherche Jean-Pierre Aubert (UMR-S1172, Université de Lille, Inserm, CHU-Lille), en collaboration avec Stéphane Hunot et Cécile Delarasse de l’ICM ainsi que Guillaume Dorothée du Centre de Recherche St Antoine, démontre un rôle des lymphocytes T dans le développement des troubles cognitifs dans un modèle murin développant des lésions neurofibrillaires. Cette étude est publiée dans la revue Brain.
Dans un premier temps, cette étude démontre que la pathologie Tau promeut la production de molécules inflammatoires, les chimiokines, par les cellules microgliales, précédant l’infiltration de lymphocytes T dans les régions cérébrales affectées par cette pathologie Tau. Une infiltration similaire est retrouvée chez des patients présentant une tauopathie génétique.
Dans un second temps, ce travail démontre que l’élimination des lymphocytes T conduit à une disparition de leur infiltration cérébrale et une diminution des chimiokines. De plus, ce traitement améliore les fonctions cognitives chez les souris développant des lésions neurofibrillaires, suggérant un rôle instrumental de l’infiltration lymphocytaire et/ou des chimiokines dans les troubles cognitifs liés à la pathologie Tau.
Ces travaux sont les premiers liant pathologie Tau et lymphocytes T et démontrent un nouveau mécanisme physiopathologique de la maladie d’Alzheimer et des Tauopathies en général. Ces résultats ouvrent la voie vers de nouvelles approches thérapeutiques actuellement à l’étude.
Référence de l’article :
Cyril Laurent, Guillaume Dorothée, Stéphane Hunot, Elodie Martin, Yann Monnet, Marie Duchamp, Yuan Dong, François-Pierre Légeron, Antoine Leboucher, Sylvie Burnouf, Emilie Faivre, Kévin Carvalho, Raphaëlle Caillierez, Nadège Zommer, Dominique Demeyer, Nathalie Jouy, Veronique Sazdovitch, Susanna Schraen-Maschke, Cécile Delarasse, Luc Buée, David Blum. Hippocampal T cell infiltration promotes neuroinflammation and cognitive decline in a mouse model of tauopathy Brain (2016) aww270 DOI: http://dx.doi.org/10.1093/brain/aww270
Lien vers l’article: http://brain.oxfordjournals.org/content/early/2016/11/05/brain.aww270.long
Contact:
David Blum, david.blum@inserm.fr, Univ. Lille, Inserm, CHU-Lille, UMR-S 1172, Alzheimer and Tauopathies, Place de Verdun, 59045, Lille Cedex, France
Crédit image: David Blum